Un week-end de cinéma à Orpierre
23 - 24 - 25 juin 2017
Première édition
L'INVITÉ DU FESTIVAL
Luc Moullet
« Illustre représentant d'une tendance comique du cinéma francais ignorée du grand public, Luc Moullet n'en poursuit pas moins une œuvre à la cocasserie méticuleuse.
Né en 1937 dans les Alpes du Sud, cet impassible prince de l'absurde tire de ses origines une veine régionaliste qui aimante une part de son cinéma vers les cimes »
Jacques Mandelbaum, Le Monde du 12 janvier 2010.
Mais pourquoi diantre Luc Moullet ?
Luc Moullet est l'invité d'Au fil des sCEANSces, le festival de cinéma d'Orpierre. Il commence sa vie professionnelle en 1956 comme critique à la revue Les cahiers du cinéma aux côtés des pères de la Nouvelle Vague, Godard, Truffaut, Chabrol, Rivette, etc. Son premier long métrage, Brigitte et Brigitte, dans lequel il fait jouer de nombreux réalisateurs dont Claude Chabrol, Samuel Fuller, Éric Rohmer ou André Téchiné, sort en 1966, et déconcerte la critique de cinéma de l'époque. Notamment en raison d'un ton pince-sans-rire et d'une construction narrative qui semble confiner à l'absurde, mais qui multiplie, derrière les apparents quiproquos, de multiples effets de sens. Cette profondeur, sous couvert de légèreté et d'humour, sera sa marque de fabrique.
Issu d'une famille originaire de la vallée du Céans (Saint-Cyrice, Orpierre), l'une des raisons qui fonde notre invitation tient à la façon qu'il a d'inscrire son cinéma dans les territoires ; soit que ses films en parlent explicitement (Terres noires (1961), La terre de la folie (2008)), soit qu'ils servent de décors, presque de personnages, à d'autres (Les naufragés de la D 17 (2002), Le litre de lait (2006)).
Le travail de Luc Moullet repose sur la loufoquerie, la facétie comme outils de contestation, voire de résistance. Décliné sur le mode de l'absurde (Essai d'ouverture (1988)) ou de l'investigation rigoureuse (Genèse d'un repas (1978)) son propos témoigne autant qu'il dénonce l'évolution d'un monde vers sa déshumanisation. Le monde de ses films s'emballe vers une « modernité » pas toujours comprise de tous et dont les contemporains (à l'instar d'un Jacques Tati) se doivent de résister par tous les moyens, y compris ceux de l'humour, du brin de folie comme espoir d'émancipation.
Luc Moullet : La famille de mon père vivait dans les Alpes du Sud depuis 1730, et peut être même depuis 740 : à Chanousse, Les Bégües, St-Cyrice, Orpierre, Eyguians (côté aïeule) et à Barret-le-bas, Montbrun, Séderon, Eygalayes, Antonaves (côté aïeul). Il est bien, pour tout écrivain ou cinéaste de fixer son travail autour d'un lieu comme l'ont fait Jean Giono, Marcel Pagnol, René Allio, Robert Guédiguian, les Larrieu,...
Ce lieu m'a particulièrement intéressé parce qu'il était très peu connu, parce qu''il était étrange, désertique, représentant dans la nature un équivalent du degré zéro cher à Barthes, à l'art moderne. Et il me permettait de mieux me découvrir à travers mes ancêtres. J'ai même eu ma maison de production à Eyguians, à Saint-Cyrice puis à Salérans (communes où la patente était moins chère) avant qu'elle ne soit expulsée du 05 par le fisc local, qui trouvait qu'il avait trop de TVA d'où l'émigration de ma société vers l'Oise, où le fisc payait mieux. Je suis le seul cinéaste au monde à avoir tourné à la fois à Majastres, à Mariaud, au Poil, à Saint-Cyrice, à Orpierre, à Nossage, à Laborel, à Trescléoux, à Eyguians, à Rabou,...
Luc Moullet : Roubines ou robines ou terres noires ou marnes ou badlands : c'est mon décor favori. J'ai tourné dans les roubines de Sainte-Colombe, Saint-Cyrice, Eyguians, Laragne, Mariaud, Les Dourbes, Espréaux, Draix, Roussieux, Chasteuil, La Robine, etc., qui apparaissent dans mes films Terres noires, Les Contrebandières, Une Aventure de Billy le Kid, La Comédie du travail, Les Naufragés de la D 17, Le Prestige de la mort, La Terre de la folie, La Cabale des Oursins, Le litre de lait : le parfait degré zéro !
Deux questions à Luc Moullet
Quels sont les liens qui vous rattachent aux Alpes du Sud ?
Gérard Courant vous appelle "L'homme des roubines", pouvez-vous nous expliquer pourquoi et en quoi est-ce lié à vos films ?
Pour aller plus loin, trois indispensables :
TERRES NOIRES
GENÈSE D'UNE REPAS
Un film de :
Luc Moullet
Genre :
Documentaire
Sortie :
1961
Un film de :
Luc Moullet
Genre :
Documentaire
Sortie :
Février 1979
NOTRE ALPIN QUOTIDIEN
Auteur :
Luc Moullet
Éditeur :
Capricci
Sortie :
Juin 2009